La vie d'Adèle, librement inspiré du roman graphique de Julie Maroh, Le bleu est une couleur chaude, tout le monde en parle, en a parlé et en parlera encore sûrement les mois prochains.
Palme d'or du dernier festival de Cannes, j'ai comme beaucoup lu les nombreuses pages d'encre écrites à son sujet et comme beaucoup, j'ai voulu voir ce film.
La vie d'Adèle est donc un film marquant à bien des égards. C'est l'histoire d'une jeune adolescente, Adèle, que l'on va suivre à travers son éducation, que celle-ci soit artistique ou sexuelle.
Adèle est une jeune fille de 15 ans qui apparemment vit sa vie d'adolescente sans se poser de questions. Elle a des copines, des petits copains et s'intéresse aux sujets de sa génération.
Le film tisse un lien entre les cours de français et de philosophie que suit la jeune fille et une réalité quotidienne qui rejoint pleinement les thèmes abordés au collège. Au moment, où Adèle découvre la Vie de Marianne de Marivaux, c'est sa vie à elle qui s'apprête à prendre un autre tournant. Au moment aussi où en cours de français, on interroge de jeunes gens sur le coup de foudre amoureux à l'heure des réseaux sociaux, Adèle aussi va succomber au charme d'Emma.
Emma est plus âgée, plus cultivée. C'est surtout une artiste qui attend la consécration. L'éducation d'Adèle va alors s'enrichir de cette rencontre. Entre Adèle et Emma, c'est une histoire d'amour entre deux femmes qui naît. C'est aussi une histoire de tendresse, d'affection, de partage, de transmission.
Mais comme toutes les histoires passionnées, la fin n'est pas forcément des plus tendres.
La vie d'Adèle donne en tout cas à réfléchir. Elle vient nous interroger sur nos désirs, notre chemin de vie, nos choix. Cette vie vient aussi en écho à l'actualité et au mariage gay. Sans cesse, on vit dans une société qui juge nos actes, notre morale, notre façon de penser au nom d'une pseudo normalité.
Finalement, le film d'Abdellatif Kechiche est un plaidoyer contre tout ce qui nous impose une forme de conformisme et un carcan dans lequel s'engouffrent les faux semblants...Le fait qu'Emma baigne dans le monde artistique n'est pas anodin. C'est le monde des apparences contre celui de la réalité, du quotidien, incarné par la fraîcheur d'Adèle.
Adèle a choisi sa voie, l'enseignement des plus jeunes. Elle a décidé de transmettre. Et là aussi, il faut y voir un message du réalisateur. Avec la vie d'Adèle, Abdellatif Kechiche transmet lui aussi sa vision du monde et de la société dans laquelle il vit, sans oublier, son goût inaltérable de l'Homme, des corps et des émotions. Alors, oui, il y a de la crudité dans les scènes de la vie d'Adèle. Mais ne vivons-nous pas dans un monde cru et cruel ?
La vie d'Adèle est quelque part un morceau de notre vie à tous. A voir. Absolument. Si vous avez aimé la Graine et le Mulet, vous retrouverez ici ce même talent à capter les regards, les expressions...Merci Monsieur Kechiche et merci Adèle Exarchopoulos ainsi que Léa Seydoux pour cette leçon de vie...