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19 décembre 2014 5 19 /12 /décembre /2014 15:10
Un roman qu'on ne lâche pas...

Evincé injustement de la dernière sélection du Goncourt 2014, Eric Reinhardt est pourtant l'écrivain qui a égayé la rentrée littéraire avec une plume enlevée, un style unique et surtout, une histoire captivante et dans l'air du temps.
L'amour et les forêts est clairement un livre de femmes, écrit par un homme, mais qui s'adresse non seulement à une cible féminine mais aussi à tout à chacun, du moment qu'on apprécie les bons mots. Et qu'est-ce qu'un bon mot ? C'est justement, celui qui touche, qui invite à réfléchir sur soi, qui donne à voir d'autres visages et d'autres nombrils que le nôtre. Un bon mot est aussi celui qui vous invite à voyager à travers plusieurs styles littéraires, plusieurs histoires et à partager, le temps de quelques pages, le destin d'un personnage à la fois proche de nous et complètement antagoniste.

Un roman qu'on ne lâche pas...

Dans son dernier opus, Eric Reinhardt se met en scène à travers la rencontre fictive qu'il aurait vécue avec l'une de ses ferventes lectrices. Bénédicte Ombredanne est une professeur de français, habitant dans la région de Metz. Mère de deux enfants, elle mène une vie tranquille en apparence aux côtés de son époux Jean-François.

A travers cette rencontre, l'écrivain nous dévoile la descente aux enfers de cette femme qui finalement s'interroge sur sa propre féminité. Un époux manipulateur, des enfants inconsciemment manipulés, une existence vouée à l'absence et où l'identité de la femme se consume, il n'en faut pas moins pour Bénédicte pour sombrer.

La plume et les mots d'Eric Reinhardt se font témoins des maux de cette femme en plein désarroi. On assiste à l'histoire d'une manipulation orchestrée par un mari violent, sournois et pervers. On croit avec Bénédicte à la résurrection lorsque celle-ci finit par transgresser les habitudes pour se laisser aller dans les bras d'un autre grâce au pouvoir libératoire d'internet et de Meetic. On croit encore à sa sortie de crise et à son envolée quand elle fait un séjour en hôpital psychiatrique et se découvre, à l'instar d'Eric, une passion pour les mots et les lettres salvateurs.

Un roman qu'on ne lâche pas...

Bouleversant, inquiétant, dérangeant, l'Amour et les forêts fait passer le lecteur par tous les états d'âme. Mais surtout, lorsqu'on finit la dernière page du livre, ce dernier continue de nous hanter après coup. Et c'est là que vient la vraie question qu'a voulu en définitive nous poser Eric Reinhardt. Comment vivre sa vie sans finalement trahir nos rêves ? Bénédicte ne serait-elle pas alors le reflet de chacun d'entre nous ? Tous, quel que soit notre condition sociale, notre sexe, notre éducation, notre vécu, avons ou aurons à un moment donné de notre existence le besoin, sinon la nécessité, de nous poser cette question. Certains décident d'aller voir ailleurs pour redonner sens à leur couple, d'autres bazardent leur quotidien pour aller monter une chambre d'hôtes en Thaïlande, d'autres enfin, choisissent tout simplement d'oublier leurs rêves, de mettre entre parenthèses leurs envies ou leurs ambitions et de faire semblant d'être heureux.

Dans le choix de son titre même, Eric Reinhardt évoque quelque part toutes les vies cachées qui peuplent notre existence. Les forêts sont le lieu poétique et symbolique par excellence où on aime se cacher, où la peur du noir se confond avec la magie des trésors de la nature. Quant à Bénédicte Ombredanne, son patronyme est également un clin d'oeil à cette femme avilie, qui ne vit que dans l'ombre de son mari castrateur.

Bref, l'Amour et les forêts est clairement un roman écrit tout en sensibilité par un écrivain de son temps (et qui a reçu le Prix Renaudot des lycéens) qui connaît parfaitement les femmes mais également la condition humaine. Vivement votre prochain opus Monsieur Reinhardt. Vous me donnez non seulement envie de lire mais aussi envie d'écrire.

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13 novembre 2014 4 13 /11 /novembre /2014 15:20
Osez le dernier Ozon !

Ca y est, le dernier Ozon, Une nouvelle Amie (l’adaptation de la nouvelle : Une amie qui vous veut du bien de Ruth Rendell publiée en 1985) est en salles ! Alors, quand on aime ses histoires et la manière avec laquelle il s'empare et du scénario et des personnages, quand on aime aussi le soin qu'il accorde à l'environnement et au decorum, il est évident qu'on se précipite pour aller découvrir son ultime pépite !

Bluffée ! C'est l'adjectif qui me vient à l'esprit lorsqu'il s'agit de revenir sur mes premières impressions. Car, pour une performance d'acteur, c'est une performance d'acteur ! Mais rappelons pour commencer le pitch. Claire vient de perdre sa meilleure amie. Elle sombre dans une profonde dépression jusqu'au jour où elle renoue avec le mari de son amie défunte : David. Et là, la jeune femme va faire une découverte qui va bouleverser son quotidien : David (incarné par Romain Duris) lui révèle en effet qu'il aime se travestir en femme. Le choc visuel est immédiat pour le spectateur : Romain Duris en femme. Un rôle de composition où l'acteur épouse la cause des femmes, mères ou épouses, mais également où il devient le porte-parole de toute une génération.

Osez le dernier Ozon !

Une nouvelle amie est à l'instar des films de François Ozon. Une comédie qui finit par se confondre en drame ou l'inverse. Des personnages qui sortent de leur cadre et de leurs conventions pour se réinventer de nouvelles destinées. La musique autant que l'univers et les costumes nous rappellent certains films d'Hithcock ou Almodovar.

Encore une fois, François Ozon a su s'entourer d'acteurs de talent. Anaïs Demoustier, que l'on a vu notamment dans Bird People, réussit ici à sortir du genre adolescent pour devenir une femme, une vraie, avec tous ses paradoxes, sa soif de désir inassouvie, son envie de transgresser l'interdit. La transgression est au coeur du film, illustrée au travers du personnage de David. Romain Duris a su réellement se fondre (sans mauvais jeu de mots, il a d'ailleurs confié avoir perdu quelques kilos et appris à marcher avec des talons hauts pour au final, se sentir davantage femme) dans ce personnage tout en émotion, qui doit rester caché pour vivre libre. Quant au mari incrédule, joué ici par Raphaël Personnaz, il laisse parfaitement entrevoir sa peur face à l'inconnu, à la différence.

Osez le dernier Ozon !Osez le dernier Ozon !

Mais surtout, cette fois-ci, François Ozon réalise un film pleinement engagé. Certes, à travers l'histoire de David qui se travestit en femme, c'est tout un chacun que le réalisateur interroge dans son rapport à la sexualité. Le désir et la tension sexuelle sont omniprésents dans le film. Claire est à l'image de toute femme qui souvent s'oublie dans son rôle de femme ou de mère et qui parfois a bien envie de redevenir une femme maîtresse et une maîtresse femme.

Osez le dernier Ozon !

En plein débat sur le mariage pour le tous et la GPA, François Ozon s'inscrit comme un fervent défenseur des libertés individuelles. En nous faisant témoin de la destinée de ses personnages, il nous fait prendre part aussi au débat. Chacun a le droit de défendre son indentité sexuelle, de revendiquer ses choix de vie. Pourquoi un couple gay ou transgenre ne pourrait-il pas assumer l'éducation d'un enfant comme un couple hétéro ? Ce sont toutes ces questions auxquelles nous invite à réfléchir François Ozon dans Une nouvelle Amie. Respect et admiration pour ce réalisateur et artiste qui sait habilement confier au 7ème art une autre ambition que celle simplement de divertir...A noter qu'Une nouvelle Amie a reçu le prix Sebastiane lors du Festival de Saint-Sébastien 2014, qui défend les valeurs de la communauté LGBT (Lesbienne, gay, bisexuelle et transsexuelle) et a donc mis en avant l’intention du réalisateur de montrer que "tous les enfants ont le droit d’avoir leur famille reconnue avec le même respect, peu importe la composition de celle-ci".

Et puis, j'ajoute qu'Une nouvelle Amie est riche de scènes sublimes, à la fois glaçantes et envoûtantes comme cette scène miroir, à la morgue puis à l'hôpital...Je ne vous en dis pas plus...Vous aussi, j'en suis certaine, cette nouvelle Amie ne vous laissera pas indifférent...Courez vite en salles pour la rencontrer !

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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 11:47
La Fury de la guerre sur grand écran

Un énième film sur la seconde guerre mondiale me direz-vous et encore la même diatribe évoquant la gloire des héros américains contre l'envahisseur allemand ! Bah oui...et non sûrement pas !

Fury se déroule certes pendant la seconde guerre mondiale mais aborde l'Histoire avec un autre angle. En effet, le film évoque ce qu'on pourrait appeler l'épopée d'une escadre américaine à bord d'un char Sherman. Sous les ordres du sergent Wardaddy, quatre soldats vont s'engager pour une mission ultra périlleuse au-delà des lignes ennemies.

La Fury de la guerre sur grand écran

Le film prend place en avril 1945, alors que la fin de la guerre est amorcée. Pourtant, cette fin de guerre sonne aussi comme la volonté, dans sa chaque camp, d'exprimer sa rage, son envie d'en finir, de vaincre aussi le camp adverse. Désespoir, violence, haine, épuisement, amertume, rancoeur, c'est un déchaînement de sentiments mêlés qui s'exprime dans cette fin de guerre. Les personnages sont poignants dans leur douleur de soldat et d'homme (si tant est qu'ils que le mot homme n'a finalement plus de sens pour eux). Ils nous racontent les combats qu'ils ont livrés sur tous les fronts, en Afrique du Nord, en France, en Belgique puis en Allemagne.

La Fury de la guerre sur grand écran

La richesse du film, au-delà d'être un opus bien documenté sur la période, tient aussi aux multiples aspects de la guerre qu'on nous laisse entrevoir. Le rapport aux populations civiles est par exemple bien présent. Tout n'est pas noir et tout n'est pas blanc. Et lorsqu'on est embrigadé de force à 15 ou 17 ans, comment peut-on avoir une vision claire de son statut et de la raison pour laquelle on combat ? Et l'amour, peut-on juger ceux qui se sont aimés au-delà des frontières, des différences politiques ou culturelles ? Lorsque la brigade fait escale dans une petite ville allemande, c'est le temps qui s'arrête, celui de la guerre. Une paix fugace s'installe. On rit, on fait semblant de ne plus être en guerre. On s'émeut. On vit, peut-être encore plus intensément, car on sait que la mort nous attend sans doute au prochain tournant.

La notion même de guerre, d'adversaire, de vengeance est omniprésente dans le film et s'incarne naturellement dans la relation qu'entretient le sergent Wardaddy avec son bleu, dactylographe propulsé dans un tank à l'assaut des rebelles nazis. Ce dernier va apprendre la guerre, le combat, la mort, la raison contre les sentiments, le devoir et le sens patriotique. Il pose la question de la légitimité de la guerre, voire de son absurdité à certains moments.

La Fury de la guerre sur grand écranLa Fury de la guerre sur grand écran

Fury, écho au titre du char commandé par notre escadre américain, est aussi une réussite cinématographique car elle fait appel au talent de plusieurs acteurs. Chacun, à fleur de peau, est force de vérité, de compassion et de courage. Brad Pitt retrouve ici Shia LaBeouf, qu'il n'avait pas revu depuis Inglorious Basterds. Mention spéciale à Logan Lerman qui du haut de ses 22 ans est pleinement légitime dans son rôle de bleu qui découvre la réalité de la guerre. La religion est également partie prenante du film comme un guide spirituel pour chacun de ces soldats. D'ailleurs, un de nos soldats, prénommé la Bible, cite la première épître de Jean "Et le monde passe, et sa convoitise aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement". Ces citations de la Bible pourraient faire faire galvaudées, genre référence à une Amérique catholique où le bien triomphe toujours du mal, mais rapportées à aux scènes de huit clos (sans mauvais jeu de mots) dans le tank, devenu pour l'occasion un presque cercueil, elles rajoutent à la force du message du film et au jeu simple et sans fioriture des acteurs.

La Fury de la guerre sur grand écran


Alors, oui, je conseille Fury, non pas pour le devoir de mémoire (quoi que...), mais aussi pour la façon de mettre en scène de vrais personnages de cinéma. N'oublions pas non plus que le réalisateur David Ayer s'est s'inspiré de l'histoire vraie de la prise d'assaut de l'armée allemande par un commando américain, installé à bord d'un tank militaire surnommé "Fury". Enfin, signalons l'engagement total de Brad Pitt pour ce film qu'il a coproduit et pour lequel il a même participé à un vrai camp d'entraînement pour se mettre en parfaite condition. Rôle de composition franchement réussi pour cet habitué des campagnes anti-nazis !

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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 22:16
Une sacrée nana qui s'expose !

Niki de Saint Phalle, avec un nom pareil, il apparaît évident que celle qui le porte est douée d'un talent créatif !

Catherine Marie-Agnès Fal de Saint-Phalle est une aristocrate née à Neuilly sur Seine et qui dès l'âge de 3 ans rejoint ses parents à New York. De sa jeunesse, notre artiste plasticienne et sculptrice, ne retiendra finalement qu'une certaine forme de violence (un père absent et infidèle face à une mère tortionnaire, deux frères qui se suicident et elle-même, souffrant de problèmes psychiatriques, exacerbés par un viol qu'elle subit à l'âge de 11 ans, et dont l'auteur n'est autre que son propre père, inceste qui d'ailleurs fera l'objet de la sculpture, intitulée promenade du dimanche). Comme pour beaucoup d'artistes, ce contexte familial va façonner la jeune femme et l'inviter naturellement à se positionner dans un univers artistique jusqu'alors dominé par les hommes.

Une sacrée nana qui s'expose !

Une fois pénétré à l'intérieur de l'exposition, c'est d'abord la beauté de Niki de Saint-Phalle qui saute aux yeux. Elle fit d'ailleurs une courte carrière de mannequinat et fit la couverture entre autres de Harper's Bazaart ou Vogue. En regardant de plus près son visage, je me dis qu'il y a un peu de Uma Thurman et de Grace Kelly en Niki. Elle aurait pu par exemple inspirer des réalisateurs avant-gardistes comme François Ozon, Pedro Almodovar ou Quentin Tarantino.

Une sacrée nana qui s'expose !
Une sacrée nana qui s'expose !

Puis, c'est grâce à sa rencontre avec l'artiste Jean Tinguely que Niki de Saint-Phalle va s'autoproclamer artiste libre et indépendante. La rétrospective du Grand Palais nous dévoile en premier lieu l'image d'une femme encore tourmentée par sa propre condition. Très tôt, Niki de Saint-Phalle apprend à être une femme mariée et une mère de famille respectable alors qu'elle lutte désespérément contre les conventions et les principes éducatifs avec lesquels elle a grandi. Ce sont toutes ces contradictions et cette révolte intérieure que l'on retrouve dans ses premiers travaux de collage, représentatifs de l'art brut que Niki a choisi comme première famille d'accueil artistique. Le cheval et la mariée ou Accouchement rose ou blanc témoignent aussi du thème de la féminité qui ne cessera jamais de hanter le travail de l'artiste.

Une sacrée nana qui s'expose !

Ce que je retiendrai de cette magnifique exposition ? C'est effectivement l'image d'une femme qui tout au long de son parcours créatif va chercher à explorer le genre féminin pour parvenir à lui redonner toutes ses lettres de noblesse. La femme est au coeur de la société pour Niki de Saint-Phalle. Elle est celle qui donne vie, qui nourrit, qui inspire. La femme a cette richesse de passer par tous les statuts : mère nourricière, femme séductrice et amoureuse, femme qui revendique ses rondeurs comme pour revendiquer aussi un monde plus beau, plus ouvert aux autres et à la différence. La femme signe au final avec Nikki de Saint-Phalle l'avènement d'un nouveau genre politique.

Une sacrée nana qui s'expose !

Pour moi, la vraie réussite de cette exposition au Grand Palais tient surtout à une mise en scène qui va crescendo, comme pour faire écho au parcours d'une artiste à la fois hyperactive, complexe et complète. Niki de Saint-Phalle aura touché à toutes les matières et tous les arts avec brio pour magnifier le concept féminin : plâtre, papier mâché, matériaux de récupération en plastique ou en bois, mosaïques, faïence, dessin, peinture, sculpture, cinéma. Une manière sans doute pour elle de déclamer haut et fort son message et d'atteindre plus facilement sa cible.

Une sacrée nana qui s'expose !Une sacrée nana qui s'expose !


En parlant de cible justement, on découvre aussi, que sous l'influence de son mari, Jean Tinguely, et de Jackson Pollock, Nikki de Saint-Phalle va s'adonner à l'oeuvre-tir. Le principe : armé d'une carabine, l'artiste tire sur la toile et fait éclater de façon aléatoire des poches de couleur. Niki tire ainsi contre toutes les formes de violence qui peuplent le monde qui l'entoure. L'art est pour elle une arme au sens propre pour combattre les maux de la société.

Niki de Saint-Phalle devient alors plus que jamais une femme accomplie et une artiste engagée, reconnue par ses pairs, et dont la rétrospective au Grand Palais, jusqu'au 2 février 2015, ne saurait être manquée...Et pour ceux que les voyages en Italie attirent, rendez-vous en Toscane pour déambuler dans le Jardin des Tarots, environnement sculptural créé par Niki de Saint-Phalle, à l'image du parc Guëll imaginé par Gaudi à Barcelone.

Une sacrée nana qui s'expose !
Une sacrée nana qui s'expose !
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10 octobre 2014 5 10 /10 /octobre /2014 10:10
La claque Dolan

Magistral ! Mythique. Bouleversant. Remuant. Magnifique. Non, je ne tarirai pas d'éloges concernant ce que j'appelle un chef d'oeuvre ! Car oui, pour moi, le film de Xavier Dolan est réellement un pur chef d'oeuvre cinématographique qui va même au-delà de ce que j'espérais.

Prendre la plume aujourd'hui pour vous en parler m'émeut d'ailleurs car je me dis que mes mots ne pourront jamais être à la hauteur du talent de ce jeune cinéaste canadien. 25 ans ! Il n'a que 25 ans et une mâturité artistique qui pour moi ne peut que faire l'unanimité.

Mommy, c'est l'histoire d'une mère confrontée au syndrome de TDAH de son fils. Hyperactif et violent, Steve est placé dans un centre spécialisé jusqu'à ce que sa mère décide de mettre fin au cycle des médicaments et de l'internement pour s'en occuper.

A travers le titre Mommy, transparaît le destin d'une mère qui effectivement s'oublie elle-même pour reprendre en main le parcours éducatif et moral de son fils. Mommy, c'est aussi toute l'affection et tout l'amour qui unit une mère à son fils. Un amour inconditionnel, fusionnel et tellement beau qu'illustre aussi l'affiche même du film, qui me fait incroyablement penser au tableau les Amants de René Magritte. S'aimer sans se voir, au-delà des distances, des différences, s'aimer presque d'un amour incestueux, être libre surtout, libre d'être soi et un autre, libre de ne pas être ce qu'on attend de soi, libre d'intriguer au-delà des conventions, autant de thèmes présents dans Mommy.

La claque Dolan
La claque Dolan

Puis le duo devient un trio lorsque la voisine vient se mêler de cette relation mère-fils pour apporter son soutien. L'amour devient amitié ou l'inverse. L'espoir repointe le bout de son nez. Parce que croire qu'on peut changer les choses, que la violence n'est pas une fatalité, que son fils est finalement un artiste qu'on n'a pas encore réveillé, qu'il aura comme tout le monde une vie "normale", n'est-ce pas au fond ce qu'on attend de toute maman ? Et cette voisine, qui s'ennuie dans sa vie bourgeoise, qui souffre de bégaiement, va à travers Steve redonner un semblant de sens à sa vie, même temporaire.

Le temps, la contrainte du temps qui passe, est également largement présent dans le film. Un clin d'oeil à la personnalité sans doute du réalisateur, lui-même hyperactif et prodige du cinéma qui vit comme il tourne : dans l'urgence. Il y a évidemment urgence à raconter et à vivre pour Steve comme il y a urgence pour sa mère à livrer son combat pour l'amour. Il y a aussi urgence pour Xavier Dolan de faire exploser sa colère à l'écran pour mieux la canaliser au quotidien. Mommy est en ce sens quelque peu autobiographique.

La claque DolanLa claque Dolan

Mommy est fort en émotions. Mais attention, pas de mélo, à aucun moment. Et même en filigrane, quelques touches d'humour. L'émotion, c'est celle délivrée par la caméra. Un parti pris cinématographique avec un cadrage serré sur les visages, les regards et des travelings pour éloigner le spectateur de ce qui se joue et le laisser se vider de ses sensations pour en retrouver de nouvelles à la prochaine scène. C'est ce qu'on appelle le format 1:1, l'idéal en terme de portrait pour Xavier Dolan et je partage radicalement son point de vue.

Les floutés, les ralentis, les contre jours, la lumière, autant d'effets naturels qui ajoutent à l'émotion. Et la musique ? Moi qui attache beaucoup d'importance à la bande son en général, je peux vous dire que celle de Mommy a du sens, ce qui n'est pas le cas partout. Les musiques sont d'abord celles qu'aime le réalisateur et avec lesquelles il a grandi : Céline Dion (on ne change pas), Oasis (Wonderwall), Dido (White Flag), Craig Amstrong (Childhood) et Lana del Rey (Born to die).

Quant aux acteurs, Anne Dorval et Suzanne Clément, devenues les muses de Xavier Dolan et bien sûr, Antoine-Olivier Pinon. Filmés en toute simplicité, les trois acteurs nous offrent des rôles de composition à la fois vrais et sensibles. La figure maternelle est au coeur de Mommy, Diane Després, et qui se fait appeler Die...comme par hasard. A travers son film, Xavier Dolan rend hommage à toutes ces mères qui portent en elles les problèmes familiaux, qui enfantent dans la douleur et continuent, becs et ongles, à défendre leur progéniture, quitte à en crever ! Mère - fils, une relation qui ne s'explique pas, qui vient des tripes, qu'on a parfois besoin de casser pour mieux s'en libérer mais une relation éternellement belle...

La claque DolanLa claque Dolan

Bref, Monsieur Dolan, malgré votre jeune âge, vous êtes un grand monsieur du cinéma, merci pour ce moment d'intensité émotionnelle. Merci pour la qualité de ce que vous filmez. Et merci aussi pour ce que vous êtes, un écorché vif, un enragé, qui s'en est sorti grâce au cinéma et quelle sortie ! Merci enfin pour votre engagement politique et artistique mais les deux sont liés chez vous. Mommy sera à jamais en moi, maman comme votre héroïne dont la force, la rage, la sensibilité et la beauté mais surtout l'amour qu'elle a pour son fils auront été pour moi comme un message porteur d'optimisme...

Vive le cinéma québécois libre ! Vive encore longtemps la magie Dolan ! Et surtout, j'invite chacun de mes lecteurs à se précipiter voir Mommy.

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1 octobre 2014 3 01 /10 /octobre /2014 09:48

Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de visionner la série Platane créée par Eric Judor sur Canal +, mais moi, à l'époque, cela m'a fait beaucoup rire !

Ce mois-ci, ce n'est pas dans une série TV que nous revient le comique mais bel et bien dans une web série et une campagne pub pour EDF.

C'est l'agence Havas qui signe cette campagne. On y retrouve l'humour décalé et réaliste d'Eric Judor, et un personnage clé de la série Platane, son pote, Flex. La série, intitulée ElectRIC (trop fort le jeu de mots mettant en scène Mister Judor !), s'inscrit dans la démarche d'EDF qui souhaite renouer une forte proximité avec ses clients, dans le cadre de sa stratégie Engagements EDF et moi.

Les épisodes mettent aux prises le client EDF (incarné ici par Eric) avec des situations du quotidien : déménagement, gestion de contrat, économies d'énergie...

Bref, un concept gagnant et une campagne pleinement réussie ! A regarder comme n'importe quelle autre série et plus seulement comme une simple pub. Je vous laisse apprécier l'épisode 1 et pour les 6 autres, rendez-vous sur :

Sinon, la pub pour cet automne, c'est aussi un doux mélange entre esthétisme et bon son. Une harmonie qui me sied plutôt bien en ces temps de morosité ambiante !

D'abord, l'univers automobile. C'est sans nul doute les marques auto qui utilisent le plus les musiques connues, qui plus est electro. Qui ne se souvient du célèbre Jabberwocky pour Peugeot ?

Je vous propose un petit florilège : de la Toyota Yaris Hybrid avec Bruno Mars à la Mercedes Class C avec Faul & Wad, en passant par la BMW xDrive avec K-Os.

Côté esthétisme et glamour, une fois de plus, ce sont les parfumeurs et les créateurs qui ont le vent en poupe cet automne. Et à l'instar des marques automobiles, ils mêlent aux formes sculpturales et sexy de leurs acteurs un son branché et tendance !

Parmi les spots qui m'ont "embarquer" : Dior J'Adore avec la somptueuse Charlize Theron qui défie le temps en déambulant dans la Galerie des Glaces du château de Versailles. Un clip signé, rappelons-le quand même, Jean-Baptiste Mondino ! Pour la bande son, London Grammar et son célèbre Hey Now remixé par le groupe The Shoes. Un résultat 100% enchanteur !

On continue dans le glamour et le sexy avec le spot dédié à Black Opium, nouveau parfum d'Yves Saint Laurent. Pour faire écho au nom du parfum, le réalisateur nous plonge dans l'obscurité de la nuit qui met aux prises une sexy girl brune avec ses fantasmes. C'est le titre Jungle d'Emma Louise qui accompagne le spot.

Et pour finir ma sélection pub de rentrée, la dernière campagne vidéo pour Lycra, réalisée en slow motion. Une performance publicitaire signée l'agence SapientNitro. Le célèbre photographe Rankin ainsi que le réalisateur Philippe André (à qui on doit notamment le clip de Placebo, Song to say goodbye) ont permis une prouesse artistique et technique qui vient illustrer à la perfection la signature de la marque Lycra : moves you. Pour la bande son, l'agence a choisi le titre dance with me du groupe nouvelle vague.

Que ces pubs vous délectent comme il se doit. Le beau participe aussi au moral et au bien-être intérieur. Alors, que cette pause publicitaire vous distrait, vous emmène en voyage, vous égaie votre journée ou votre semaine ! N'hésitez pas à me faire partager les spots qui vous ont plu et que je n'aurais pas vus !

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 15:19
Lectures de rentree

Avant la grande rentrée littéraire qui s'annonce une fois encore riche de succès et de découvertes, je vous invite à vous plonger dans deux livres qui m'ont accrochée tout l'été.

On commence avec Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan. Un livre sorti en 2011 et que j'ai mis du temps à lire, de par mon histoire personnelle.

Auteure de No et Moi et Les heures souterraines (tous deux traduits dans 25 pays), Delphine de Vigan a choisi ici de "s'attaquer" à sa propre famille. Le livre est d'une puissance phénoménale. A la fois bouleversant, troublant, violent, le roman nous plonge dans ce qui fut vécu comme un véritable drame personnel. Delphine de Vigan revient sur le parcours familial de sa mère et de ses grands parents. Lucille (la mère de l'auteure) est troisième d'une fratrie de neuf enfants. Une mère présente et ultra dynamique, soucieuse de l'équilibre de la famille. Un père carriériste et pubard. Lucille bénéficie a priori d'un environnement idéal pour se développer et grandir harmonieusement.

Mais à travers le vécu de la mère, les secrets enfouis et les épisodes lumineux de cette vie bourgeoise, surgissent ça et là les événements qui précipitent la mort de cette femme à seulement 61 ans en 2008. Une mort que Delphine de Vigan va jusqu'au bout chercher à expliquer. Une mort qui la confronte aux souvenirs malheureux et aux blessures qui l'ont marquée. Une mort qui au final interroge l'auteur sur le projet même d'écriture, sur ce besoin de remuer le passé pour mieux se réappropier le présent.

Rien ne s'oppose à la nuit bouleverse, remue, rapproche aussi. La réflexion sur le thème omniprésent de la folie nous conduit inévitablement à nous poser la même question que l'auteure : c'est quoi être fou ? La folie peut-elle être seulement passagère ? N'est fou finalement que celui que les événements ou les gens précipitent parfois sans conscience vers l'obscurantisme ?

Les dernières pages sont d'une intensité littéraire qu'il faut absolument prendre le temps de les lire. Bref, Rien ne s'oppose à la nuit est à lire comme on lirait une enquête psychologique plus qu'une simple épopée familiale. Ceux qui comme moi apprécient les mots sauront voir ici la justesse du phrasé d'une auteure qui risque encore de faire parler d'elle sur la scène littéraire.

Lectures de rentree
Lectures de rentree

A peine achevé Rien ne s'oppose à la nuit, j'entame la lecture de Réparer les vivants, nouveau roman de Maylis de Kerangal qui va récolter jusqu'à 7 prix littéraires dont le Grand Prix RTL-Lire et le Prix roman des étudiants - France Culture - Télérama.

Le sujet : le récit d'une transplantation cardiaque. Alors, non, ce n'est pas un roman scientifique même si les étapes cruciales d'une telle opération sont minutieusement racontées par l'auteure.
Réparer les vivants est avant tout une histoire d'amour, celle de parents qui se résignent à la perte de leur jeune fils de 20 ans et qui malgré un deuil violent, vont décider du don des organes de leur fils.

Mourir pour sauver une vie. La réflexion est n'est pas usuelle pour le commun des mortels. Et pendant 24 heures, c'est pourtant celle-ci qui habite les deux parents démunis face au drame.

La force du roman réside dans le style choisi par Maylis de Kerangal. Si le début du livre, véritable métaphore de la vie, nous entraîne malgré nous dans l'univers du surf, il est surtout pour nous l'occasion de plonger dans la personnalité de Simon. Les phrases s'enchaînent, parfois sans ponctuation, comme les vagues annonciatrices de la session de surf la plus attendue. Et puis, on reprend notre souffle avec l'accident qui arrête les pendules et le coeur de Simon.

On découvre tour à tour une galerie de personnages, liés au monde médical ou à l'entourage de la famille de Simon.

Dans Réparer les vivants, j'ai aimé cet ode à la vie et au don d'organe. J'ai aimé surtout la poésie des mots, d'une rare justesse malgré une thématique humaine et morale pas facile à aborder dans nos sociétés occidentales.

Surtout, hasard ou coïncidence, Bashung, l'artiste est encore présent dans ce roman. Avec Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan avait choisi ce titre en hommage au chanteur qu'elle écoutait en scellant les pages de son roman. Dans Réparer les vivants, Bashung revient au cours d'une scène bouleversante. Marianne, la mère de Simon, dans le refus de la nouvelle, dans l'attente de la suite, quitte l'hôpital, roule jusqu'à un bar de quartier, prend un alcool fort. Et dans ce bar, à cette heure très matinale, Marianne entend La nuit je mens de Bashung.

J'invite chacun à découvrir le style, le ton et la richesse d'écriture de Maylis de Kerangal et à partager avec elle et ses lecteurs, cet ode à la vie...et pourquoi pas à réécouter Alain Bashung !

Lectures de rentree
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19 juillet 2014 6 19 /07 /juillet /2014 10:08

Et oui, un peu comme tous les ans, mais sans doute aussi, un peu plus tard que les autes années, je vous livre ma playlist de l'été.

Au programme, des sons éclectiques, inspirés de styles différents. Bref, une playlist pour danser, se prélasser, s'amuser, découvrir, s'endormir, rêver...En un mot, décompresser !

Allez, on commence en douceur par un réveil aux frontières de l'électro et de la pop, histoire d'ouvrir ses paupières et ses tympans à des sonorités qui vont vous accompagner toute la journée ou presque...

Ma sélection du matin : London Grammar et Jabberwocky. Le saviez-vous ? Quel est le point commun entre ces deux groupes ? L'histoire d'une rencontre de personnalités ! Et, c'est grâce à Facebook que le guitariste de London Grammar, Dan Rothman, contacte la chanteuse Hannah Reid. Quant à Camille Camara, Emmanuel Breton et Simon Louis Pasquer, ces 3 étudiants en médecine forment le groupe Jabberwocky et de leur rencontre créative naîtra le tube Photomaton qui va habiller la pub Peugeot ! Je vous invite à découvrir les titres Echoes et Pola.

Maintenant que vous êtes détendu et prêt à vivre votre journée off comme il se doit, un peu d'énergie à dépenser (et de calories pour oublier les apéros chargés !) avec un duo tout droit venu de Suède : Nonono.

Ben, moi, je dis Yesyesyes ! A écouter pour sa fraîcheur et la voix de la chanteuse ! Un son qui donne envie de courir sur la plage ou dans un parc...Un son qui donne envie de bouger, chacun sa manière alors ! Good Vibration que nous livre ici Nonono...

Bon la journée avance, le soleil est au zénith, la chaleur grimpe...Que c'est bon les vacances à ne rien faire ou presque...

Que c'est toujours aussi bon d'entendre la voix à la fois mystique, sensuelle et captivante de la belle Lana Del Rey. Son nouvel album Ultraviolence n'est pas peut-être pas aussi génial que le précédent mais une fois encore, il renferme des pépites à savourer, sur la plage par exemple ou allongé dans sa chaise longue...

Bref, Lana m'hypnotise, m'électrise, me galvanise...

Aura-t-elle le même effet sur vous ? Pour le savoir, écoutez vite Ultraviolence, Shades of cool et surtout, West Coast (dont le clip est produit par mon groupe fétiche, The Black Keys)

L'heure de la balade musicale a sonné, c'est donc le moment de vous faire partager deux autres coups de coeur.

D'abord, la talentueuse Sia rendue célèbre avec son titre Chandelier. La première fois, j'ai cru à Rihanna, le même timbre de voix. Une voix particulière, cassée. Une chanteuse australienne qui a notamment collaboré avec le groupe Zero 7. Un de ses anciens Single, Breathe Me a été popularisé par sa présence sur la bande son du dernier épisode de Six Feet Under. Le clip de Buttons a été une des vidéos les plus vues sur YouTube.

Ensuite, direction Niort où se forme il y a maintenant 4 ans le groupe Colours in the street, mix de folk, pop et rock anglo-saxon. Des jeunes d'une vingtaine d'années, précisons le ! Ca demande encore un peu de mâturité mais franchement cool !

Bien, maintenant, il est carrément et urgemment temps de bouger, de vider son énergie, de danser, de vibrer, de sauter, bref, de faire la fête parce que c'est ça aussi l'été, des amis, la famille et some good music to celebrate !

Rien que pour vous, deux titres mais qui augurent de deux albums vraiment réussis.
Max Manie et le titre Sunday. Un Dj et producteur venu tout droit des montagnes autrichiennes, si si !

Jungle, aux frontières de la soul, de la pop et de l'électro, très sympa...Tout l'album est d'ailleurs très sympa !

Je ne pouvais finir ma Summer Playlist sans une touche de rock !

Alors, appréciez et éclatez-vous sur le dernier opus de Placebo. Brian Molko et sa voix particulière sonnent toujours aussi bien. Quant à mes chouchous, ceux qui me connaissent, savent que je ne jure que par eux cet été : les Black Keys !

Bon mais, comme je suis open, en vrac, les titres qui me font aussi bouger : Summer de Calvin Harris, Liar Liar de Chris Cab, Shot me down de David Guetta, Heart of Glass de Bob Sinclar feat. Gisele Bundchen (et oui !), On attendra l'hiver de Julien Doré, Waves de Mr Probz

Et bien voila, j'en ai fini de ce que j'écoute en ce moment...Alors, à toutes et à tous, un excellent été musical...Un été sans notes, c'est comme un bon cru sans verre à pied !

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12 juin 2014 4 12 /06 /juin /2014 20:28
Quand le cinéma prête son talent à la télé

Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas de cinéma que je vais vous parler mais bien de télévision...Enfin, un peu des deux en fait !

Car pendant que certains s'apprêtent à vivre des moments footballistiques intenses, d'autres ont choisi d'autres univers télévisuels...

Si le Brésil est un pays qui donne envie de voyager, de s'évader et de faire la fête, la Nouvelle Zélande est une terre qui prête également à l'envie de dépaysement.

La Nouvelle Zélande, contrée des kiwis et des maoris, c'est justement, cet univers peuplé de légendes et surtout, son pays d'origine, qu'a choisi la célèbre réalisatrice Jane Campion pour camper les héros d'une toute nouvelle série télévisée.

Top of the Lake, c'est son nom, a rafflé tous les trophées de la catégorie mini série au dernier festival de télévision de Monte Carlo, lors de la cérémonie des Nymphes d'Or. Des récompenses vraiment méritées...

Top of the Lake s'ouvre sur l'immersion volontaire d'une gamine de 12 ans dans un lac gelé non loin de chez elle. Appelée en renfort pour mener l'enquête, Robin Griffin, originaire de la région, va découvrir que cette enfant de 12 ans, Tui, est aussi enceinte de 5 mois.

Top of the Lake se regarde comme un film. On est aspiré par la profondeur des paysages, le côté mystique qui se dégage à la fois des personnages et de l'histoire. On retrouve la patte de Jane Campion avec une omniprésence de lumière blafarde et brumeuse, une poésie de tous les instants malgré un genre policier revendiqué.

Les personnages, tour à tour, nous font rentrer dans leur intimité avec à la fois pudeur, réserve et empathie. Tous les personnages de Top of the Lake ont une faille. Quelle qu'elle soit, elle nous invite naturellement à toujours en savoir plus sur eux. Top of the Lake ne cède pas aux nécessités du genre en offrant au téléspectateur son lot quotidien d'étonnement. On est surpris, dérouté, captivé et on en redemande.

Quand le cinéma prête son talent à la télé
Quand le cinéma prête son talent à la télé

Et puis, au fil des 6 épisodes qui composent la série Top of the Lake, on découvre aussi, à l'instar des autres réalisations de Jane Campion, une atmosphère résolument féministe, incarnée notamment par ce camp de femmes, Paradise, où viennent trouver refuge des perdues du système, autour de leur gourou GJ (incarnée par Holly Hunter). Le féminisme est également présent autour du personnage de Tui, pré-adolescente victime de la violence sexuelle, ou de l'héroïne, Robin, en proie à une descente intérieure. Quant aux hommes, ce sont des brutes épaisses, des âmes en peine, des corps meurtris...

Top of the Lake est une réussite à tous les points de vue et d'abord et avant tout, par sa richesse esthétique, empruntée notamment à des références cinématographiques telles que Twin Peaks de David Lynch ou plus récemment, les Revenants, la série française de Fabrice Gobert pour Canal +. Bref, Top of the Lake nous plonge dans un autre monde et vraiment, pour une fois, cela fait un bien fou d'être sous tension !

Quand le cinéma prête son talent à la télé
Quand le cinéma prête son talent à la télé
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11 juin 2014 3 11 /06 /juin /2014 22:02
Bird People : un film déroutant et pourtant...

Pendant que certains se passionnent déjà pour le ballon rond devant leur petit (ou plus grand) écran, d'autres, comme moi, ont décidé de faire de la résistance culturelle !

Dimanche dernier, alors qu'une vague de chaleur frappait tout Paris, j'ai profité de la climatisation d'une salle obscure pour découvrir le dernier film de Pascale Ferran. Figurant dans la sélection Un certain Regard du dernier festival de Cannes, je ne pouvais manquer Bird People. La presse et les critiques cinéma n'ont d'ailleurs pas manqué de salué le film, alors, il fallait aussi que je m'en rende compte par moi-même.

Bird People est un film franchement pas évident à résumer, tant on y pense, même plusieurs jours après l'avoir vu, c'est sans doute là la force de la réalisatrice.

Le picth : un américain à l'hôtel Hilton de l'aéroport Charles de Gaulle fait un burn out tandis qu'au même moment, une jeune femme de chambre va vivre un événement surnaturel, à savoir se transformer en oiseau (le voilà le rapport avec le titre du film !).

Au-delà de ce pitch réducteur, le film de Pascale Ferran, à qui on doit il y a 8 ans Lady Chatterlet, va plus loin, en proposant une vision poétique et émouvante de la vie actuelle.

Bird People : un film déroutant et pourtant...Bird People : un film déroutant et pourtant...

D'abord, le décalage est partout, dans le récit des deux héros qu'a priori tout oppose, dans le thème abordé, très actuel, du burn out qui ne de devrait pas forcément coller avec le temps de la contemplation. Le temps est clairement au coeur du film, celui que l'on passe dans les transports, au bureau, dans les voyages d'affaire, sur son téléphone, et celui surtout, qu'on devrait davantage passer à observer les autres ou à s'interroger sur le sens de sa propre existence et le chemin qu'on souhaite prendre.

Ensuite, Bird People déroute aussi par les personnages qui peuplent le film. Mention spéciale aux deux acteurs phares, Josh Charles (qu'on aura parfois vu dans la série The Good Wife) et Anaïs Demoustier (récemment vue dans Quai d'Orsay). Tous deux campent leur personnage à la perfection, l'un en ingénieur américain usé par les asservissements de son entreprise, l'autre, en femme de chambre et étudiante, rêveuse et volontaire à la fois. Nos deux héros sont des personnages entre deux vies, qui se cherchent et cherchent par la même à donner un nouveau sens à leur vie. Chacun à sa manière est en fuite avec un objectif fort : s'envoler vers d'autres espaces, plus vrais, plus en phase avec son moi intérieur. L'envol, autre clin d'oeil au titre on dirait bien ! La réalisatrice nous invite finalement à voir la vie d'un peu plus haut, tel un oiseau qui se pose sur une branche et contemple le vide. Prendre de la hauteur pour mieux comprendre la réalité, c'est d'ailleurs ce que va expérimenter Audrey (Anaïs Demoustier) auprès de Simon (Roschdy Zem).

Bird People : un film déroutant et pourtant...Bird People : un film déroutant et pourtant...
Bird People : un film déroutant et pourtant...

Enfin, comme en écho au titre, Bird People, les images et les métaphores poétiques viennent ponctuer le film. L'univers japonisant, zen, symbole de quiétude, où chaque chose a sa place est omniprésent dans le film. La transformation de l'héroïne en oiseau est aussi une façon de voir la vie (ou la mort) sous le signe de la réincarnation.

Mêlant habilement réalisme et merveilleux, Bird People est un genre à part, indéfinissable : conte contemporain, comédie d'un autre temps, road ou plutôt plane movie...A chacun de voir Bird People avec son propre regard et de lui attribuer le sens qu'il souhaite.

Pour ma part, Bird People reste une invitation sensorielle à vivre la vie telle qu'elle nous ressemble, à y mettre plus de soi, au détriment des conventions. Prendre son envol n'est pas forcément le fait de jeunes adultes, c'est aussi un acte à la fois désespéré et délibérément salvateur pour ajouter de la poésie à un quotidien qui en manque parfois...

Expérimentez Bird People, y compris ses longueurs, ne serait-ce aussi que pour la bande son (en particulier la reprise par Julien Doré de la Javanaise de Serge Gainsbourg) et une scène clé du film, qui sans le fameux Space Oddity signé David Bowie, n'aurait certainement pas eu la même saveur...

Bird People : un film déroutant et pourtant...
Bird People : un film déroutant et pourtant...
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