Five, c’est le titre d’un film de printemps. Un film qui donne la pêche et qui donne surtout envie de cultiver des valeurs simples et belles comme l’amitié.
Car dans Five, il est question d’amitié. 5 amis qui découvrent la vie et plus précisément la colocation. Oui, mais partager tout entre amis impose-t-il de partager aussi les « bourdes » des uns et des autres.
Pierre Niney, qu’on a clairement plaisir à retrouver, campe le héros de ce feel good movie. Sensé faire des études de médecine financée par son riche père, il est donc celui qui finance la colocation dans un appartement cossu parisien. Nos 5 copains auraient très bien pu continuer à couler des jours peace and love dans ce superbe appartement si seulement, une fête de famille n’avait pas révélé le pot aux roses. Résultat : Samuel se voit couper les vivres sans oser l’annoncer à ses 4 copains. Celui qui jusqu’ici consacrait sa vie au théâtre, rêvant d’être acteur, enfile un nouveau rôle : celui de dealer d’herbe improvisé.
Au-delà du pitch qu’on peut parfois avoir du mal à trouver crédible, le jeu des acteurs, lui, tient clairement la route. Pensionnaire de la Comédie Française de 2010 à 2015 et césarisé l’an dernier pour sa prestation dans Yves Saint Laurent, Pierre Niney comme à son habitude nous régale de son verbe et de son élocution rapide comme de son charme intemporel. Quant aux autres jeunes comédiens qui forment avec lui cette bande truculente, citons d’abord François Civil, incarnant Timothée, bientôt dans la boucle de la supercherie orchestrée par Samuel. A la fois touchant et drôle, il fait partie de deux scènes cultes du film, qui, nul n’en doute, feront le buzz d’ici quelque temps. Au casting aussi, Igor Gotesman, dans le rôle de Vadim, le copain toqué, en guerre contre toutes les bactéries de ce monde et qui surtout, cache un autre secret : son histoire d’amour avec Julia, incarnée par Margot Bancilhon. C’est la seule fille de la bande et qui permet aussi de s’interroger sur la relation d’amitié fille-garçon. Au langage cru et direct, elle joue aussi le rôle d’une jeune fille de son temps, qui avance dans la vie sur le même pied d’égalité que les hommes. Idrissa Hanrot est le dernier de la bande, qui décroche avec Nestor, son premier grand rôle à l’écran. Lui aussi est presque flanqué d’un toc : son addiction au sexe.
Bref, les personnages sont croqués avec réalisme et efficience. On croit à l’histoire d’amitié qui les lie les uns aux autres. On aimerait s’immiscer dans leur bande. Une bande de potes qui parle 100% aux générations d’aujourd’hui. Avec force d’humour et de dérision, la précarité des jeunes, le rapport aux addictions comme la drogue ou le sexe, l’amour, l’amitié, les conflits de génération sont autant de thèmes actuels abordés pour parler au plus grand nombre.
La relation que Samuel entretien avec Michèle Moretti est l’occasion d’un clin d’œil au monde du théâtre. Elle est aussi à la fois toute en pudeur et en drôlerie.
Mention spéciale à une autre scène culte du film, mettant en scène Fanny Ardant et Pascal Demolon en consommateurs de drogue, totalement déjantés.
Bref, Five est un film qui se consomme entre amis et défile si vite, qu’il mériterait presque d’être visionné une seconde fois pour capter l’intégralité du texte. Il fait écho à la fois à l’Auberge Espagnole, le Péril Jeune, En cloque mode d’emploi ou SuperGrave. Sorte de méli-mélo de styles, de genres où, dixit Pierre Niney, « l’amour pour le médiocre qui peut devenir génial ». Des répliques trash et qui font rire même après, des jeux d’acteurs 100% naturels, c’est clair, on n’avait pas vu de film de « poteaux » aussi réussis et frais depuis longtemps. Et dans une période quelque peu sombre, ça fait du bien ! Ecoutez aussi la bande son qui ajoute au dynamisme du film, dont le titre Reuf de Nekfeu !